La couleur tient une place prépondérante dans l’oeuvre d’Alice Mauchamp. La palette saturée est vive, parfois fluorescente, elle exulte. La surface de la toile s’apparente ici à un espace d’expérimentation: l’artiste privilégie les gestes crus, et recherche l’accident, le lâcher-prise. Envisagée des quatre cotés du tableau, la composition semble s’autogénérer: acrylique, pigments et médium sont liés puis « déliés » par l’adjonction de beaucoup d’eau, qui déborde les surfaces, liquéfie les contours, jusqu’à dissolution des formes. Dégagée de toute fonction signalétique, la couleur permet l’épanouissement d’une peinture ritualisée, primitive, rappelant ça et là des maquillages traditionnels de tribus, des berlingots sucrés, des surfaces lunaires, des comètes ou des flaques.
« Elle ne dessine ni avec, ni dans la couleur : elle l’élève, comme on le ferait d’un organisme vivant, la laisse vivre sa vie dans le pré de la toile, sans les barbelés du dessin, s’épanouir, surprenant ça et là un écho avec telle ou telle forme de la nature, celles que l’on observe de très haut (du hublot d’un avion) ou de très près (par la lentille d’un microscope). De sorte qu’Alice Mauchamp est à peine abstraite : peut être paysagiste d’après le pinceau .. » Didier Semin