ANIRUDDHA BIWAS


Dans son exploration artistique, Aniruddha Biwas plonge dans les nuances complexes du déplacement et de la migration, s’inspirant de son parcours personnel en tant qu’étudiant étranger arrivant en France. Depuis 2019, année où il a posé le pied à Caen, il a été captivée par les profondes transformations qui surviennent lorsqu’on est déraciné de sa familiarité et transplanté dans l’inconnu. Cette expérience fut pour lui une renaissance, alors qu’il naviguait sur le territoire inconnu d’une nouvelle terre, d’une nouvelle communauté et d’un nouveau paysage culturel. Venant d’un petit village du Bengale occidental, en Inde, tous les aspects de son environnement lui semblaient étrangers, et pourtant, dans cette méconnaissance, résidait le potentiel d’un nouveau départ. C’était comme si l’ardoise de son identité avait été effacée, lui offrant la possibilité de se reconstruire et de se redéfinir à partir de zéro.

Peu après, il réalisa que ce processus de redéfinition de sa propre identité n’était pas entièrement une question de table rase. Une partie de son ancien moi était si profondément ancrée en lui qu’il ne pouvait l’effacer. En même temps, les limites de sa capacité à s’adapter à son nouvel environnement devenaient évidentes. Il s’intéressa alors aux expériences d’autres personnes dans des situations comparables. Grâce à ses échanges avec d’autres personnes déplacées, y compris des migrants, il comprit que le processus de reconstruction de l’identité par rapport au nouveau territoire est un processus continu et complexe. En cherchant à comprendre ce processus, il découvrit qu’il est mental, sans fin et, surtout, clandestin, lorsqu’il s’agit de l’existence du migrant. Il s’agit de l’attachement aux racines, aux souvenirs du passé, qui sous-tendent ce processus complexe d’adaptation aux nouvelles conditions du présent. Accepter et résister, apprendre et désapprendre, trouver des similitudes et des différences sont au cœur de cette nouvelle construction de soi.

Ces questions sont devenues essentielles à sa pratique artistique. En s’inspirant de son expérience personnelle et des histoires des autres, ses projets artistiques abordent les émotions et les luttes des individus confrontés aux défis du déplacement. Ils explorent les possibilités de réhabiliter son propre foyer dans un nouveau territoire et les questions centrales de ce processus : la manière dont on est reçu dans la société d’accueil, l’adaptation à la nouvelle culture, les compromis que l’on est obligé de faire, la mesure dans laquelle on conserve ses racines tout en s’adaptant au nouveau contexte, et la redéfinition de l’identité qui en découle. Les vestiges ou les restes de l’origine culturelle d’une personne sont importants pour sa pratique. Il prend en compte les empreintes d’expériences de vies antérieures qui subsistent sous la forme de souvenirs de personnes déplacées, de traces d’origine qui subsistent sous la forme de langues, de pratiques, de possessions, de photographies du passé.

Ses installations cherchent à créer des espaces d’engagement sur ces questions. Elles explorent le discours de la migration ou du déplacement à travers le dessin, la peinture, la sculpture, la photographie et la vidéo. Ses peintures à l’huile et ses dessins au graphite, au fusain et à l’aquarelle s’inspirent des objets qu’il a apportés avec lui d’Inde lorsqu’il est venue en France. Ce sont ses talismans. Sa compréhension de la complexité d’une identité déplacée a été enrichie par ses lectures d’écrivains et de théoriciens qui se sont penchés sur l’expérience de l’exil et de la diaspora, comme Edward Said, Arjun Appadurai, John Berger, entre autres.