Flora Nguyen développe une pratique photographique qui interroge les représentations héritées de l’histoire coloniale, l’intime et la mémoire des corps.
En puisant dans l’histoire coloniale, les archives intimes, les paysages mentaux et le corps comme lieu de mémoire, elle questionne les représentations assignées aux femmes asiatiques, souvent fétichisées ou silencées. Il ne s’agit pas de restaurer une image « juste », mais de révéler les failles, de faire surgir le trouble. Elle manipule les images comme on déterre des traces : les cartes postales coloniales, les clichés de guerre, les photographies de famille deviennent matière à réinvention. Par la mise en scène de son propre corps, elle défie l’assignation du regard : celui qui fige, qui exotise, qui efface.
Chacune de ses œuvres est un terrain de friction : entre les archives et l’autoportrait, l’ornement et la blessure, la douceur apparente et la violence symbolique.
Flora Nguyen réactive des présences. Son œuvre est une stratégie de réappropriation, un geste de réparation, un refus de disparaître dans l’image imposée.Elle utilise des techniques anciennes et contemporaines : cyanotype, tirage lith, transfert photographique, encre à l’huile, photographie numérique sur papier métallique : autant de techniques qui introduisent des strates, des textures, des opacités, questionnant la fabrication du regard et la persistance des stéréotypes. L’artiste manipule la surface comme un palimpseste, révélant les fictions qui façonnent l’histoire.