lucie pophillat

« Dans mes travaux, j’aime travailler autour du rêve et des rêveries comme dimension politique et poétique. Je m’intéresse notamment aux fantasmes, désirs, enjeux et angoisse que révèle l’espace du rêve. La particularité de cet espace est qu’il est à la fois intimiste et collectif. Pour Walter Benjamin : « rendre compte d’une époque, c’est aussi rendre compte de ses rêves, de la conscience onirique du collectif » « le collectif, exprime tout d’abord ces conditions de vie. Celles-ci trouvent leur expression dans le rêve et leur interprétation dans le réveil.»

Pour chacun de mes projets, je travaille plusieurs médiums (collage, peinture, bande dessinée, sculpture…) sous forme d’installation où l’on se perd entre réalité et fiction. Lors de mon diplôme, j’ai mis en place, une recherche plastique et théorique sur le rêve en m’orientant vers les espaces clos. J’ai d’abord travaillé dans un EHPAD où j’ai construit une relation quotidienne pendant deux ans avec Madame B. Porteuse d’une maladie qui lui provoquait des hallucinations et des pertes de mémoire, elle m’a confié ses rêveries et ses visions quotidiennes. J’ai ainsi réalisé une narration visuelle composée de moment du passé, du présent, du rêve et de l’invention de la vie de Madame B., dans un lieu dans lequel il est difficile d’habiter et de se projeter.
Ces représentations oniriques questionnent et révèlent de façon détournées, une réalité douloureuse face à la dignité des personnes âgées mais riches de nuances et d’espoir. Dans la suite de ce projet, je m’oriente aujourd’hui sur l’espace du foyer domestique. Un lieu quotidien et intimiste qui révèlent lui aussi des questions, des dynamiques, et des enjeux collectifs. L’espace domestique m’intéresse aussi, car c’est un lieu rempli de poésie et de nuances avec des dynamiques qui changent et peuvent glisser, du fantasme, au rêve ou à l’angoisse.